Les chasseurs sont-ils irresponsables ?

Pourquoi un citoyen qui accepte d’être fortement encadré dans l’usage d’une auto n’accepterait-il pas de l’être dans celui d’un fusil de chasse ? Pourquoi refuserait-il la contrainte d’enregistrer son arme mais pas celle d’immatriculer son auto ?

Photo du bras d'un chasseur tenant son arme

Registre des armes à feu : les arguments des propriétaires de fusils ont quelque chose de saugrenu. Ils estiment que le gouvernement ne devrait pas les obliger à enregistrer leurs armes. D’après eux, cette tracasserie administrative est inefficace et brîme leurs droits et libertés. Ils oublient juste un petit détail. Chaque année, nous payons sans broncher notre permis de conduire et nos droits d’immatriculation automobiles. Cela coûte des sous, la police a accès à tout et personne ne s’en offusque. Alors, qu’est ce qui rendrait un fusil moins contrôlable qu’une auto ?

Si l’usage d’une auto est encadré par des droits, permis, documents, taxes et assurances, il me semble que c’est à cause du pouvoir énorme qu’il confère à son détenteur. Ce pouvoir est relatif à la puissance et aux dangers entraînés par celle-ci. Celui d’un homme armé n’a d’autre mesure que la vie ou la mort. Même en tirant sur des cibles de carton ou des pigeons d’argile, il mime l’administration de la mort. Ce geste existe de lui un haut niveau de responsabilité.

Pourquoi un citoyen qui accepte d’être fortement encadré dans l’usage d’une auto n’accepterait-il pas de l’être dans celui d’un fusil de chasse ? Pourquoi refuserait-il la contrainte d’enregistrer son arme mais pas celle d’immatriculer son auto ?

Si on veut bien laisser de côté un instant les questions irrationnelles comme la peur, le sécuritarisme, la rectitude politique d’un bord ou de l’autre, la réponse est simple : il n’a aucune raison d’agir autrement. Tout pouvoir potentiellement dangereux entraîne une grande responsabilité sociale ainsi que la nécessité d’un contrôle raisonnable. C’est évident.

Que le programme des armes à feu coûte trop cher, plus personne n’en doute. Qu’il ait été mal conçu et mal géré, c’est évident dans l’esprit de bien des gens. Qu’il soit inutile, cela reste à prouver. Enfin, qu’il soit attentatoire aux libertés individuelles, c’est ridicule, à moins de déclarer la loi sur la sécurité routière inconstitutionnelle. Bref, on aurait tort de jeter le bébé avec le sang du bain.

Une pétition contre le travail des enfants

Aide Internationale Pour l’Enfance et le Réseau Enfants d’Amnistie Internationale s’associent pour déposer une pétition à la Chambre des communes du Canada, le 12 juin prochain, Journée mondiale contre le travail des enfants.

Photo d'enfants recueillis par l'AIPE aux Indes

L’AIPE (Aide Internationale Pour l’Enfance) et le Réseau Enfants d’Amnistie Internationale s’associent pour déposer, à la Chambre des communes du Canada, une pétition demandant au gouvernement de promouvoir la convention 182 de l’Organisation internationale du travail (OIT). Adoptée en 1999, cette convention établit des recommandations internationales pour lutter contre les pires formes de travail imposées à des enfants dans le monde. Le Premier ministre Stephen Harper n’ayant cessé de proclamer son amour des enfants lors de la dernière campagne électorale, on peut espérer qu’il aura plus de compassion pour ce texte que pour le protocole de Kyoto.

La première résolution de l’OIT concernant l’élimination du travail des enfants a été adoptée par la Conférence internationale du Travail en 1996. Trois ans plus tard, en 1999, elle débouchait sur la convention 182, qui soulignait « que l’élimination effective des pires formes de travail des enfants exige une action d’ensemble immédiate. » Nous sommes en 2006 et, manifestement, il reste encore du chemin à faire. C’est pourquoi la pertinence de cette pétition n’est plus à démontrer.

Qui plus est, Aide Internationale Pour l’Enfance et Amnistie Internationale proposent une pétition électronique assez bien faite : pas de circulation inutile de courriels bourrés de signatures inutilisables, formulaire simple ne demandant que l’information essentielle à toute pétition de ce type et note de bas de page explicite au sujet de la confidentialité. Mon seul regret est que le code fait fi des règles élémentaires d’accessibilité, mais cela ne retire rien à la pertinence de l’opération elle-même.

La pétition est également proposée en version imprimable au format PDF. Elle sera remise aux parlementaires canadiens le 12 juin prochain, Journée mondiale contre le travail des enfants.

Gens d’affaires en quête de sens

Sustainable Development ReportingUn intéressant reportage sur l’éthique et les gens d’affaires était présenté, hier, à l’émission Second Regard de Radio-Canada. Les valeurs changent, au sein des entreprises, et les gens d’affaires commencent à avoir autre chose à cœur que le profit de leur entreprise.

Au cours de ce reportage signé Claude Sauvé, Patrick Beauduin, vice-président de la création convergente, Cossette Communication-Marketing, et professeur d’histoire de la communication à HEC Montréal, explique fort bien la teneur de cette sensibilité éthique en affaires qu’il qualifie d’émergente. Aux États-Unis, l’actionnariat « vert » représenterait 500 milliards de dollars ! Pour les investisseurs, la valeur éthique d’une entreprise représente une plus-value et celles qui n’en ont pas peuvent voir leur leur valeur financière menacées par la montée des exigences du public en la matière.

Photo d'ErikAux États-Unis, mon vieil ami Erik Thomsen, un scientifique réputé dans le domaine de l’intelligence d’entreprise, travaille depuis plusieurs années à l’élaboration de métriques servant à mesurer l’efficacité d’une entreprise en développement durable. Plus de 2000 entreprises produisirent des informations et des rapports détaillés, à ce sujet, en 2003. Le nouveau buzzword technologique qui accompagne ce virage, c’est le « Sustainable Development Reporting » (SDR).

D’ailleurs, Erik collabore avec le Global Reporting Initiative (GRI), un consortium international de normalisation s’affairant à mettre en place des outils et des concepts de SDR communs. Au Canada, 28 grandes entreprises en font partie, dont Alcan, Bell Canada, Hydro-Québec, Petro-Canada et la Banque Royale. Aux États-Unis, le GRI compte 88 membres — et pas moins de 86 au Royaume-Uni !

Un homme et ses déchêtsAlors, certes, les choix économiques logiques, fondés sur une éthique du développement durable et de la responsabilité corporative, sont encore tributaires des penchants personnels des gens d’affaires, comme l’explique l’une des protagonistes citées dans le reportage. Il ne fait cependant aucun doute qu’il s’agit également d’une décision commerciale et financière. Parions que l’économie logique sera la source d’opportunités extraordinaires. D’où l’urgence de s’intéresser, dès aujourd’hui, à cette nouvelle réalité.


Ce billet a été publiée le 8 mai 2006 sur economielogique.com et transféré ici le 15 mars 2009, en prévision de la fermeture prochaine de mon ancien site corporatif.

D'un paradoxe à l'autre

Ne cherchez pas à comprendre. Contentez-vous de remercier le ciel qui vous permet de vivre au purgatoire. Le purgatoire, ça c’est le paradis !

Deux têtes en chien de faïence

C’est curieux. Après 17 ans de résidence ininterrompue à Montréal, je me sens toujours comme Usbek, le témoin à l’oeil persan de Montesquieu. A mari usque ad mare, Two solitudes, les vies politiques québécoises et canadiennes, la dualité (ou duellité ?) du souverainisme et du fédéralisme, les chassés croisés cybernétiques des Partis Libéraux, à mon centre-gauche, la valse hésitante des péquistes et des Conservateurs, à mon centre-droit, ne cessent de m’émerveiller.

Hier soir, encore, j’ai été troublé par le flou artistique et civilisé qui règne sur la vie politique bicéphale du Québec, Canada. Il y a deux ans, nous vivions sous la terreur du couple Parti Québécois (centre gauche) à Québec + Parti Libéral (centre gauche) à Ottawa. C’était la guerre, les longs couteaux, la chronique permanente d’une rupture annoncée. Aujourd’hui, nous vivons à l’ère du couple Parti Libéral (centre droit) à Québec + Parti Conservateur (centre droit) à Ottawa. Ce n’est pas l’amour parfait, mais le mariage de raison. On se sourit. On s’encourage. Même le Bloc Québécois (allié du Parti Québécois, maintenant devancé par les Conservateurs dans les sondages) n’a d’autre choix que de ménager le gouvernement auquel il est censé s’opposer, puisque sa base électorale est pratiquement la même.

Quand les péquistes sont au pouvoir à Québec, on dirait que les Canadiens (y compris les 50 et quelques pour cent de fédéralistes québécois) s’empressent de jeter de l’huile sur le feu en élisant les Libéraux. Depuis la grande bataille de l’Amiral Trudeau contre le Général Lévesque, au seuil des années 80, ces deux partis de centre gauche mettent l’âme du pays à feu et à sang. Survient ensuite une ère canado-conservatrice et libéralo-québécoise (Bourassa vs. Mulroney, de 1985 à 1993, par exemple), de centre doit, et les choses se tassent un peu, tant bien que mal, jusqu’à la prochaine double alternance.

Quant les Québécois sont gouvernés par des gens sans états d’âmes patriotiques ne pensant qu’à leur prospérité économique, version mondialisante, ils semblent presque apaisés. Lorsqu’ils portent au pouvoir des gens qui, au contraire, leur veulent soi-disant le plus grand bien, et qui enchassent leurs libertés individuelles dans de grandes chartes concurrentes, c’est le bordel communautaire. Allez comprendre…

Ou plutôt, non. Ne cherchez pas à comprendre. Contentez-vous de remercier le ciel qui vous permet de vivre au purgatoire. Tous les grands voyageurs à l’oeil persan vous le diront : les paradis tropicaux ne sont, le plus souvent, que des enfers. Le purgatoire, c’est le vrai paradis! ;->