De Montréal à Kinshasa

Je viens à peine de découvrir le nouveau blogue de mon camarade Kim Gjerstad, un jeune Montréalais expatrié à Kinshasa (Congo). Kim a notamment construit et dirigé le site Web de la radio de l’ONU avant de prendre le virage vert de la défense de la nature et de l’environnement dans cette partie de l’Afrique.

Kim sur sa terrasse surplombant le fleuve CongoOuf ! Après cinq semaines d’immersion dans le « workaholisme » le plus total, l’édition 2005 du colloque annuel du RISQ est maintenant terminée. Je vais enfin pouvoir reprendre ma vie de blogueur 🙂

À ce sujet, je découvre avec plaisir le nouveau blogue de mon camarade Kim Gjerstad, un jeune Montréalais expatrié à Kinshasa (Congo) depuis quelques années. Kim a notamment construit et dirigé le site Web de la radio de l’ONU avant de prendre le virage vert de la défense de la nature et de l’environnement dans cette partie de l’Afrique. Un carnet à suivre, ne serait-ce que pour nous rappeler que notre monde n’est pas plus extraordinaire que le sien.

Dilemne financier

Que faire, quand la pub de Médecins du monde se retrouve côte à côte avec celle de Placements Québec? S’occuper des autres ou de soi-même ? Soulager un peu la misère ou garantir son avenir? Répondre à l’urgence ou redoubler de prudence? Être individualiste ou planétaire? Donner ou recevoir? Pile ou face?

Deux publicités dans le journalCe matin — comme toujours, au cours des jours suivant les grandes catastrophes — la plupart des journaux du monde entier publiaient des appels d’organisations humanitaires réclamant des dons pour les sinistrés du Pakistan. Mon journal ne faisait pas exception à la règle : UNICEF, Croix-Rouge, Médecins du monde, you name it… Curieusement, la pub de Médecins du monde se retrouvait côte à côte avec celle de Placements Québec. D’un côté, on me supplie donc de verser 50 $ ou plus afin d’adoucir le destin tragique des fantômes du Cashemire. De l’autre, on m’incite à faire fructifier ma cagnotte dans les bons du Trésor québécois.

Que faire ? S’occuper des autres ou de soi-même ? Soulager un peu la misère ou garantir son avenir ? Répondre à l’urgence ou redoubler de prudence ? Être individualiste ou planétaire ? Donner ou recevoir ? Pile ou face ?

Drôle de mise en page, vraiment !

La bombe humaine

Pauvre, pauvre Humanité, nous nous en sortirons, je te le promets. Et, avec nous, sortirons aussi de ce marasme la planète Terre, les pandas, les aigles royaux, les bélugas. Et à cause de toutes ce souffrances, les gens continueront à croire en Dieu sans comprendre que Dieu n’est que l’autre face de la BOMBE HUMAINE qu’ils portent en eux et qui a pour nom—: AMOUR.

Une bombe au creux de la mainCe n’est qu’une coïncidence — une « Correspondance« , aurait écrit Beaudelaire — et je ne voudrais pas passer pour un superstitieux, moi qui me perçois, à tort ou à travers, comme un apôtre de la raison. N’empêche que, ce soir, vers 21h, lorsque les jeux de l’amour et du hasard inscrivirent sur mon écran mental les mots de BOMBE HUMAINE et que Google le Tout-Puissant eut retrouvé pour moi les paroles de cette vieille chanson du mythique groupe français Téléphone, j’ai eu un choc.

Je veux vous parler
de l’arme de demain
Enfantée du monde
elle en sera la fin
Je veux vous parler de moi,
de vous
Je vois a l’intérieur
Des images, des couleurs
Qui ne sont pas a moi
qui parfois me font peur
Sensations qui peuvent
me rendre fou
Nos sens sont nos fils
nous pauvres marionnettes
Nos sens sont le chemin
qui mène droit a nos têtes

LA BOMBE HUMAINE
tu la tiens dans ta main
Tu as l’détonateur
Juste a cote du coeur
La bombe humaine
c’est toi elle t’appartient
Si tu laisses quelqu’un
prendre en main ton destin
C’est la fin, la fin


En ces temps de totalitarisme civilisé et de terreur débridée, alors que pas une seule journée ne se passe sans qu’une bombe humaine ne ravage un poste de police, une discothèque ou un marché, ces mots à la fois puissants et hermétiques résonnent amèrement. Comme s’il était écrit, il y a déjà 30 ans, que le dangereux déséquilibre du monde nous mènerait droit à l’implosion.

Car c’est potentiellement ce qui est en train de se produire : terrorisme, épuration ethnique, ouragans, crise énergétique, revanche des intégrismes, bouleversements climatiques et naufrage des valeurs. LA BOMBE HUMAINE. Et pourtant, il faudra bien nous en sortir, comme nous nous sommes sortis d’Attila et des Huns, de la Guerre de Cent ans, du nazisme et de la Guerre froide. Il y a et il y aura toujours une lumière au bout du tunnel. Quel que soit le nombre de morts parmi nous et parmi nos enfants, quelles que soient l’étendue de nos souffrances et de nos privations, nous nous en sortirons.

Pauvre, pauvre Humanité, nous nous en sortirons, je te le promets. Et, avec nous, sortirons aussi du marasme la planète Terre, les pandas, les aigles royaux, les bélugas. À cause de toutes ces souffrances, les gens continueront à croire en Dieu sans comprendre que Dieu n’est que l’autre face de la BOMBE HUMAINE qu’ils portent en eux et qui s’appelle AMOUR. Mais qu’importe. Toi et moi le savons.

Tout va très bien, Madame la Banquise

La moyenne des températures relevées au cours des 30 dernières années à Montréal est de 15°C au mois de septembre et de 8°C au mois d’octobre. Demain, 5 octobre, on annonce pourtant une température minimale de 14°C et un maximum s’établissant à 27°C en après-midi. Mais à part ça, tout va très bien, Madame la Banquise, tout va très bien.

Logo de la conférence Montréal 2005 fondant au soleilD’après Météomedia, la moyenne des températures relevées au cours des 30 dernières années à Montréal est de 15°C au mois de septembre — avec des pointes à 20°C — et de 8°C au mois d’octobre — avec des pointes à 13°C. Demain, 5 octobre, on annonce pourtant une température minimale de 14°C et un maximum de 27°C en après-midi. Mais à part ça, tout va très bien, Madame la Banquise, tout va très bien.

Autre lecture édifiante à ne pas manquer : le bilan de l’été 2005 au Québec publié par le Centre de ressources en impacts et adaptation au climat et à ses changements (CRIAC), un centre de recherche d’Environnement Canada. On y apprend que cet été s’est classé parmi les plus chauds et ensoleillés des dernières décennies, partout au Québec, à l’exception de la région de Sept-Iles — ce qui explique pourquoi j’ai été m’y rafraîchir en août. À Montréal, on a vécu le 2ème été le plus chaud et le 3ème parmi les plus pluvieux depuis 64 ans. Vous fondez à vue d’oeil, Madame la Banquise, mais à part ça, tout va très bien.

En attendant que nos jeunes réparent les pots cassés (car c’est de leur faute, après tout!), braquons nos yeux et nos oreilles sur la prochaine Conférence de Montréal, fin novembre prochain. Avec un peu de chance, on s’y promènera en ti-shirt sur la rue Sainte-Catherine.

Le « plusse pollueur » pays au monde

Seize ans et trois gouvernement libéraux plus tard, le Canada est montré du doigt par les environnementalistes du monde entier comme le pire exemple à ne pas suivre en Occident. Bienvenue au « plusse pollueur » pays du monde !!!

Illustration: castor maniant une tronçonneuseLorsque j’ai visité le Canada pour la première fois, en 1986, ce vaste et beau pays était célébré, partout dans le monde, pour ses grands espaces, son air pur, ses eaux limpides et abondantes, sa faune et sa flore généreuses. Vingt ans et trois gouvernement libéraux plus tard, il est montré du doigt comme l’exemple environnemental à *ne pas* suivre en Occident. Bienvenue au « plusse pollueur » pays au monde !

Bien sûr, en terme de pollution globale comme dans bien d’autres domaines, les États-Sunnites nous dament le pion — sans parler de la Roussie et du Ben-d’la-dèche. Par tête de pipe, cependant, le Peuple du castor est impressionnant d’incurie environnementale institutionnalisée.

Johanne Gelinas, la Commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada, en a déversé épais, la semaine dernière, dans son dernier rapport. Au lieu de réduire, d’ici à 2012, nos émissions de GES de 6 % par rapport à 1990, comme l’exige le protocole de Kyoto, nous les avons augmenté de 24 %, rappelle-t-elle. La salubrité des eaux potables n’est même plus garantie partout, surtout pas dans les réserves amères indiennes, ni dans les avions, ni même dans les édifices fédéraux! Nos magnifiques parcs à touristes nationaux accusent le coup d’une inflation de bipèdes ventripotents qui les arpentent. Quant au gouvernement fédéral, malgré de ronflantes promesses, il n’arrive pas à mettre en place les mesures de contrôle environnemental qui lui permettraient d’appliquer ses propres lois. Du coup, la machine à laver est en panne et nous sommes dans de sales draps.

Illustration - Livre de Stéphane Dion: Le pari de la franchisePensez-vous qu’une élection résoudra le problème ? Moi non plus. L’honorable ministre de la Clarté environnementale approuve le rapport pour mieux l’enfouir dans le sable de sa pensée magique. À l’entendre, tout va pour le mieux dans le « plusse meilleur » pays au monde puisqu’il a (encore) un plan. Quant à l’opposition « zooficielle », sa vision critique est pertinente, mais rien ne garantit que son propre bilan serait meilleur.

Conclusion : si l’on se fie à la Commissaire (et au gros bon sens), les gestes qui sauveront réellement la planète ne viendront ni de nos ministres, ni de nos millionnaires. Ils viendront de vous et moi, des profs d’université, des ingénieurs amérindiens et des chanteurs abitibiens. À cet égard, il faut savoir que chaque citoyen canadien dispose d’un aiguillon politique intéressant puisqu’il a le droit d’interpeller le gouvernement sur les questions environnementales par simple pétition et que celui-ci a l’obligation de lui répondre. Malheureusement, la qualité des réponses est souvent inversement proportionnelle à la masse des fonds publics engloutis dans le scandale des commandites, c’est à dire à peu près nulle.

Cet article en provenance d’Australie témoigne assez bien de l’étendue des dégâts médiatiques que ce crime contre l’avenir de l’humanité commence à causer. Ceci n’est cependant rien comparé aux vrais dégâts qui surviendront sur le terrain si nous ne prenons pas rapidement l’orignal par les cornes. Pour être bien franc, il est probablement déjà trop tard, la forêt est coupée et notre seul espoir est d’arriver à sauver les meubles.

Cancer, pollution, même combat !

Le Devoir du weekend sonne la victoire prochaine de la médecine contre le cancer. Une citation de l’ancien ministre Sam Hamad, survivant d’une tricholeucémie, mérite même d’être méditée dans une perspective plus large : « Le cancer ne signifie pas nécessairement la mort. Le cancer veut dire : problème de santé, bataille et espoir.»

Illustration - Pensée planétaireDans un article de première page (hélas! verrouillé), Le Devoir du weekend sonne la victoire prochaine de la médecine contre le cancer. Plusieurs occurences de cette peste moderne sont déjà largement vaincues. Une citation de l’ancien ministre Sam Hamad, lui-même survivant d’une tricholeucémie, mérite même d’être méditée dans une perspective planétaire : « Le cancer ne signifie pas nécessairement la mort. Le cancer veut dire : problème de santé, bataille et espoir. »

Au-delà des nouvelles encourageantes exposées dans un second article, cette phrase de fer pourrait s’appliquer à n’importe quel fléau. J’imagine fort bien Gandalf le Gris, par exemple, sortir de son large chapeau, du haut des Monts Brumeux, un aphorisme du genre : « Le Mordor ne signifie pas nécessairement la mort. Le Mordor veut dire : problème militaire, bataille et espoir. »

La lecture de cette série d’articles fait du bien. Il est encourageant d’apprendre que la science — notre science ! — peut faire de tels miracles en quelques décennies. Cela m’a tout de suite rappelé cette autre excellente nouvelle, publiée il y a quelques jours : le piégeage du carbone, première solution technologique contre les gaz à effet de serre! Le réchauffement climatique catastrophique qui nous guette peut, lui aussi, être jugulé en quelques décennies par la science et, surtout, par la volonté humaine. Il suffit que nous nous y mettions tous; que nous joignions les gestes concrets aux pieuses paroles; que nous acceptions de serrer les dents et de payer le prix élevé de la thérapie planétaire dès maintenant, avec courage et détermination.

Les gestes à poser sont simples :

  • Consommer le moins d’énergie inutile — nous sommes actuellement de féroces gaspilleurs;
  • Appuyer, partout où c’est possible, les innovations vertes et les politiques industrielles respectueuses de l’environnement;
  • Opter autant que faire se peut pour les modes de déplacement durable, comme nos deux jambes, nos bicyclettes, les transports en commun et le covoiturage;
  • Ne pas hésiter à payer plus cher nos cercueils à quatre roues, quitte à ce que la différence de prix se rembourse d’elle-même, en quelques années, sous l’effet des économies de carburant.
  • Mettre dans ce dossier autant d’empressement et d’énergie que l’on mettrait, individuellement, à lutter contre un cancer.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Depuis 150 ans, nous inoculons à notre vaisseau spatial un terrible cancer qui est en voie de le terrasser. Les technologies énergétiques qui nous ont libérés de la misère nous entraînent maintenant dangereusement vers l’horreur.

Que faire? Réagir ou nous foutre en l’air? Sombrer dans l’insouciance criminelle ou lutter ? Réponse évidente : « L’effet de serre ne signifie pas nécessairement la mort de la Terre. L’effet de serre veut dire : problème scientifique, innovation, bataille et espoir. »